De la confiance… à tous les étages (2)
La confiance, ça commence par soi !
Dans notre premier volet, nous avons vu que la confiance ne se décrète pas mais qu’elle se construit. L’objectif est double : comment avoir confiance dans les autres ? Et comment inspirer confiance moi-même ? Au travers de ces deux questions, auxquelles les réponses sont très personnelles, voire intimes, on le voit bien, chacun d’entre nous, individuellement, est central et artisan de cette co-construction.
Aussi, je vous invite à vous centrer sur vous, à vous placer de votre propre point de vue dans votre dimension humaine, et non uniquement professionnelle.
Quand vous pensez que le problème vient d’ailleurs, c’est justement cette pensée qui est le problème ! [1]
Pourquoi n’accordons-nous pas notre confiance aussi facilement à ceux qui nous entourent (collègues, managers, clients….) ?
Connaître et accepter nos peurs primaires, en tant qu’être humain, nous aide à mieux comprendre notre fonctionnement et celui des groupes. Ces trois peurs (souvent inconscientes) sont les suivantes [2] :
- La peur d’être ignoré : ne pas être reconnu et intégré dans un groupe pour contribuer à ses travaux (« je ne vaux pas la peine ») ;
- La peur d’être humilié : ne pas se sentir compétent ou craindre de ne pas être à la hauteur (« je me sens incapable »);
- La peur d’être rejeté : ne pas se sentir apprécié, en tant que personne (« je ne suis pas digne d’être aimé »).
A chacun ses mécanismes de défense !
Qui n’a jamais connu l’une ou l’autre de ces sensations, dans certains contextes, à certains moments de sa vie professionnelle ? Les contextes de changement, tel qu’un projet de transformation agile, avec de nouvelles formes de coopération et de management, favorisent ces peurs ; celles-ci déclenchent, comme toute émotion, des comportements parfois inadaptés. Ces situations vécues donnent, en effet, le sentiment d’être menacé dans son identité. Chacun déploie, alors, pour se protéger, ses mécanismes de défense, liés à son histoire, à ses croyances, à sa relation aux autres.
Quelques exemples de mécanismes de défense :
- Ne plus écouter les autres
- Perdre son sens de l’humour
- S’énerver ou s’indigner facilement
- Mal interpréter ce que les autres expriment
- Fuir certains sujets
- Critiquer, dévaloriser, voire saboter le travail des autres
- Perdre ses moyens et devenir confus
- S’arquebouter sur une position
- Bouder
- Garder pour soi ce qu’on pense
- Se sentir offensé
- Dissimuler la vérité
- …..
Finalement, ce que nous considérons comme des « attaques personnelles » de la part des autres n’est parfois qu’une lecture faite au travers du filtre de nos émotions ou simplement une réaction à notre propre comportement.
Est-ce que l’on ne touche pas, là, plutôt au registre de la confiance en soi ? N’est-ce pas le faible niveau de confiance en soi, ponctuel ou permanent, qui occasionne certaines incivilités qui dégradent le niveau de confiance au sein d’une équipe ou d’un groupe ?
Un homme qui ne se fie pas à lui-même ne se fie véritablement à personne.
Cardinal de Retz
Et si l’on balayait d’abord devant notre porte, en développant notre confiance en soi ?
La dimension systémique de la confiance, en entreprise ou dans une équipe, reposerait-elle sur la confiance en soi des individus qui la composent ?
En grande partie, oui.
Puisque cette confiance en soi conditionne la qualité des relations avec les autres. Stephen Covey utilise la métaphore de l’effet « ricochet » pour expliquer l’interdépendance des cinq niveaux de confiance : la confiance en soi des individus (niveau micro-individuel) impacte directement la confiance relationnelle (niveau micro-social) ; celle-ci influence, à son tour, la confiance de l’organisation (niveau meso-social) . Cette confiance qu’inspire l’organisation nourrit sa réputation et rassure le marché, clients et investisseurs (confiance du marché). Le cinquième niveau de la confiance est la confiance sociétale où règne le principe de la réciprocité (niveau macro-social).
En conséquence, si chacun prenait conscience du pouvoir qui est le sien, pour améliorer le niveau de confiance dans ses relations, le premier chantier de construction de la confiance serait la confiance en soi pour agir de « l’intérieur vers l’extérieur », à l’étage des individus (voir le livre blanc « Agiles à tous les étages ! » à télécharger sur ce site).
Comment développer sa confiance en soi ?
C’est un cheminement de toute une vie, un parcours très personnel sur la voie du développement personnel… mais, on l’a vu, d’autant plus important qu’on interagit avec autrui. Cette confiance en soi s’appuie sur l’estime de soi et la connaissance de soi.
Pour se faire confiance, chacun a, en effet, besoin de connaître ses forces et faiblesses, de comprendre comment il fonctionne, comment il réagit, comment il résout ses problèmes, comment il réussit ; c’est prendre conscience de soi pour mieux s’apprécier.
L’estime de soi ne signifie pas se considérer comme le meilleur ou le plus intelligent… C’est être sincère et juste avec soi-même, sans leurre ni mensonge avec soi-même. Plus l’estime de soi est élevée, plus la personne a confiance en elle.
Elle affichera, dès lors, des comportements alignés avec son identité qui inspireront la confiance des autres. On parle alors de crédibilité ou de congruence : tenir ses engagements et mettre en accord convictions, paroles et actes.
Vaste chantier, y compris pour ceux qui ont déjà entrepris ce travail personnel ! Il est inépuisable, car l’environnement évolue en permanence, chaque rencontre génère une nouvelle interaction, notre « météo intérieure » du jour conditionne nos humeurs et donc nos comportements.
L’accompagnement et le soutien d’un coach sont, à cet égard, une aide précieuse dans ce cheminement. Alors, pourquoi pas pour vous ?
Si la confiance est un pilier de l’organisation agile, il s’agit de développer une confiance « intelligente » et pas naïve ou aveugle. Et si c’est une affaire individuelle avant tout, c’est aussi une question de cadre organisationnel (prochain volet) et de leadership (volet 4).
A suivre ….
[1] Le pouvoir de la confiance, Stephen M.R. Covey, First Editions, 2008
[2] Leadership et confiance, Alain Duluc, Dunod, 2008