Extrait#5 Accepter le feedback de l’autre
Extrait de l’ouvrage « Coacher une équipe agile. Guide pour les ScrumMasters, les chefs de projets, les managers… et leurs équipes ! »
La connaissance de soi et des autres est un facteur d’amélioration de la confiance et de la collaboration au sein d’une équipe. Quoi de plus naturel que de solliciter le feedback des autres, en particulier sur nos comportements et nos savoir-être pour mieux nous connaître et savoir comment nous sommes perçus ?
Malheureusement, l’un des freins à l’authenticité et à la spontanéité dans les relations est la crainte de la réaction des autres ; en effet, beaucoup se posent la question de savoir quel va être le jugement de l’autre, à telle ou telle réaction. Et souvent, dans le doute, la vraie nature de la personne est refoulée. Ce qui engendre stress, mécommunication et démotivation.
La Fenêtre de Johari
C’est un outil permettant de représenter la connaissance que l’on a de soi et celle qu’ont les autres à notre endroit.
Cette matrice contient tout ce que nous sommes : nos connaissances, nos émotions, nos croyances, nos souvenirs, nos objectifs, nos sentiments, notre inconscient…
On y distingue « ce que je connais de moi » et « ce que j’ignore » (parties droite et gauche) d’une part, et « ce que les autres connaissent ou ignorent de moi » (parties supérieure et inférieure). Ainsi, nous observons quatre quadrants correspondant à :
Une « zone de libre-échange »
C’est notre « vitrine » ; elle correspond à ce que l’autre connait de moi et ce que je connais de moi, c’est à dire mes comportements observables : plus cette zone est ouverte, plus je suis authentique, transparent et ouvert aux autres ;
La zone « espace intime»
Elle n’est connue que de moi ; il s’agit de mon espace réservé : le siège de mes émotions, de mes peurs, de mes doutes, de mes sentiments que je ne souhaite pas livrer aux autres.
La « zone aveugle»
Elle représente ce que les autres connaissent ou voient en moi sans que j’en aie conscience ; par exemple, on vient de me faire savoir que je n’écoutais pas et que je coupais sans cesse la parole, sans que je m’en aperçoive ! « Ouf ! Maintenant je le sais ! »
La possibilité de vivre commence dans le regard de l’autre.
Michel Houellebecq
La « zone inconnue»
Cette zone est inconnue de moi et des autres ; il s’agit de notre inconscient ; que savons-nous de notre comportement face à telle ou telle situation inconnue ?
Comment utiliser cet outil ?
Je vous invite à présenter la fenêtre de Johari à l’équipe, qui reste affichée dans la salle du projet.
Régulièrement, vous pouvez organiser des « sessions » de feedback au cours desquelles chacun, de façon facultative, exprime à l’un des membres de l’équipe, un motif de satisfaction ou d’insatisfaction.
Exemples
« Corinne, j’ai beaucoup apprécié ton sang froid lorsque nous est tombé sur la tête le gros problème de plantage du serveur. Merci »
« John, je reçois assez mal lorsque, régulièrement, en milieu de sprint, tu paniques à l’idée que nous n’y arriverons pas ; je ressens ça comme du pessimisme qui me fout le moral à zéro ; désolée »
Si le feedback est positif, le bénéfice est collectif. Si le feedback est « négatif », je vous propose de traiter la problématique en aparté avec les personnes concernées.
Systématiquement, demander à la personne concernée, destinataire du feedback de « classifier » celui-ci dans la fenêtre de Johari et d’en tirer une conclusion : en avait-elle connaissance ? Ce feedback va-t-il lui être utile ? Comment va-t-elle l’exploiter ?
Il est impératif que tous soient dans une position de vie +/+. Et cette démarche est proposée, jamais imposée.
Généralement, cet outil « assez sensible » peut commencer à être utilisé à l’étape Régulation et normalisation ou encore plus facilement à l’étape suivante, Synergie et performance (modèle de Tuckman).
Question au coach
« Ne dépasse-t-on pas la frontière de la collaboration d’équipe pour entrer dans un univers de développement personnel ? »
[…]
En résumé, recevoir et accepter le feedback des autres accroit la conscience de soi et l’authenticité de chacun. Et plus la zone de libre-échange est grande, plus la communication est efficace, pour développer un véritable esprit d’équipe.