Transformation agile : notre cerveau aussi est agile!

le 5 avril 2018

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Comprendre ce qui se passe au niveau de notre cerveau, grâce à l’apport des neurosciences, peut s’avérer utile; en effet, notre cerveau aussi est « agile », en particulier dans le processus de désapprentissage / apprentissage indispensable pour développer de nouvelles compétences, plus adaptées à notre monde qui change et à nos organisations en pleine transformation.

canstockphoto17245300Chaque être humain dispose de 100 milliards de neurones ; ceux-ci communiquent au travers d’un million de milliards de connexions synaptiques : ces connexions ou « routines » sont les habitudes et les réflexes que chacun a adoptés face à une situation, pour analyser et résoudre un problème et prendre des décisions qui lui paraissent appropriées. Par exemple, au feu rouge, je m’arrête.

Quand on aborde la nouveauté ou  une situation inédite, notre cerveau doit créer de nouvelles connexions neuronales pendant que d’autres se renforcent ou s’affaiblissent; d’où les difficultés rencontrées face au changement.

 

Notre cerveau durant un effort de concentration

L’espace de travail neuronal [1] est une représentation simplifiée des interactions entre les différentes composantes de notre cerveau lorsque nous réfléchissons, apprenons ou résolvons un problème.

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Au travail :

  • Nos perceptions : nos sens sont nos capteurs pour que le cerveau puisse reconstituer la réalité ; nous ne percevons pas tous la même chose et nos perceptions sont soumises à notre système de valeurs, qui sélectionne et interprète
  • Nos souvenirs : notre capital « mémoire », nos souvenirs (mémoire du passé) ou notre imagination (mémoire du futur pour nous projeter ) influencent les perceptions et les évaluations
  • Notre système de valeur : chacun a un système d’évaluation, pour mesurer les avantages ou les inconvénients d’une situation, d’une relation, d’un choix. Ces systèmes de valeur sont influencés par les émotions et les souvenirs. Ce sont des déclencheurs de l’action (ou de l’inaction)
  • Notre attention : en choisissant de nous focaliser sur telles possibilités en excluant telles autres, nous préparons les réseaux de neurones à capter ce qui va arriver, pour anticiper, par exemple, en vue d’une prise de décision. Notre attention est sélective, sous l’influence de notre mémoire et de notre système d’évaluation : nous portons plus facilement attention à ce que nous connaissons (mémoire), à ce que nous apprécions ou craignons (émotions) et par conséquent, passons à côté de certains événements, faits ou gestes ou signaux faibles
  • Notre action : l’action est la synthèse de ce qui précède : notre intention, nos comportements, nos décisions

 

Reprenons l’exemple de Bernadette Lecerf-Thomas : si je dois relire et corriger une étude :

  • Je prends connaissance du texte grâce à mon système de perception (perception)
  • Je porte mon attention sur l’orthographe et/ou le sens des phrases (attention)
  • J’utilise ma mémoire et ma connaissance du français et des tournures grammaticales (mémoire)
  • J’apprécie telle tournure, je rejette telle formulation (système de valeur)
  • Je propose des alternatives et des corrections (actions)

 

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Cette grille de lecture nous aide à mieux comprendre le comportement d’une personne (son système de valeur, ses priorités, son référentiel, ses réactions…); et cette représentation nous éclaire sur l’origine des « résistances aux changements » et les leviers qui peuvent favoriser le changement.

 

Tirer profit de la plasticité de notre cerveau

En effet, l’utilisation des connaissances sur notre cerveau peut nous aider à mener avec succès les projets de transformation. Autrement dit, en comprenant comment fonctionne le cerveau humain, chacun, acteur de son propre changement, peut agir sur les différents sous-systèmes de son espace de travail neuronal, pour adopter de nouvelles pratiques et développer de nouvelles compétences.

Comment ?

  • Avant tout, en augmentant son niveau de conscience pour comprendre ce qui se passe et ce que l’on peut actionner et modifier (se responsabiliser plutôt que subir)
  • En accédant à de nouvelles perceptions (ouverture perceptive) : acquérir de nouvelles connaissances, se mettre « à la place de l’autre », accepter d’autres points de vue et apprendre des autres, accueillir la nouveauté
  • En développant sa mémoire du futur, en se projetant dans l’avenir, en anticipant, en visualisant le plus concrètement possible la situation-cible visée, même si le chemin pour y arriver semble difficilecanstockphoto21964808
  • En cultivant son intelligence émotionnelle pour déchiffrer le rôle des émotions dans ses comportements et ses décisions et mieux les gérer  ; accepter que la nouveauté, l’inconnu ou les différences avec autrui sont à l’origine d’émotions comme le doute, la peur, la colère… ou la curiosité, le plaisir, l’impatience, la fierté
  • En déplaçant son attention pour éviter de rester focalisé ou bloqué sur une croyance qui induit des automatismes ; en utilisant la diversité, en échangeant des points de vue, on peut découvrir une perspective attrayante, changer de priorité et se fixer de nouveaux objectifs
  • En osant expérimenter, parce qu’une connaissance ne deviendra une compétence qu’à l’épreuve de la pratique, encore et encore ; et en accueillant le feed-back, pour ajuster sa nouvelle pratique

 

Tirer profit de notre flexibilité cognitive nous aide à désapprendre des comportements devenus obsolètes pour apprendre de nouveaux comportements plus adaptés aux nouveaux contextes.

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 Une transformation agile offre, à cet égard, une opportunité rêvée pour capitaliser sur notre « agilité cérébrale » : changer des habitudes, créer de nouvelles interactions, avancer sans tout maitriser, essayer, peut-être se tromper (essai/erreur), recueillir du feedback pour s’améliorer continuellement.

 

 

[1] D’après les travaux de Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste français puis Stanislas Dehaene, neuroscientifique français, puis Bernadette Lecerf-Thomas dans « Activer les talents avec les neurosciences », 2015, 2ème édition, chez Pearson